Loi contre la fast fashion : vers une mode plus durable en France

Prise dans l’urgence incessante de renouvellement des collections, notre garde-robe se transforme aujourd’hui en véritable bombe à retardement écologique et social. La “fast fashion” — production frénétique, prix dérisoires, obsolescence programmée — creuse un sillon de pollution massive (énergie, eau, déchets) et de précarité ouvrière. Face à ce défi, la nouvelle loi adoptée en juin 2025 déploie un arsenal inédit : définition juridique de la fast fashion, interdiction de la publicité pour ces marques, éco-score obligatoire, taxe sur les petits colis importés, et bonus à la réparation. Reste à mesurer son impact réel sur notre manière de consommer et sur la compétitivité de notre filière textile.
Contexte et définition de la fast fashion
La fast fashion, ou mode express, désigne un modèle économique basé sur la production rapide et massive de vêtements à bas prix. Ce système repose sur un renouvellement constant des collections, souvent au détriment de la qualité, de l’environnement et des droits sociaux. Entre 2010 et 2023, le nombre de vêtements mis sur le marché en France est passé de 2,3 à 3,2 milliards, soit une hausse de 39 %.
(source : Sénat)
Objectifs de la loi adoptée en juin 2025
La proposition de loi, adoptée en première lecture par le Sénat le 10 juin 2025, vise à réduire l’impact environnemental de l’industrie textile. Elle s’inscrit dans la continuité des lois AGEC (2020), Climat et Résilience (2021) et REEN (2021). L’objectif est double : responsabiliser les consommateurs et encadrer les pratiques commerciales des marques.
Mesures phares du texte
– Définition juridique de la fast fashion dans le Code de l’environnement.
– Interdiction de la publicité pour les marques identifiées comme fast fashion.
– Mise en place d’un éco-score obligatoire sur les vêtements.
– Taxe sur les petits colis importés de l’étranger.
– Lutte contre la fraude aux écocontributions.
– Bonus à la réparation pour encourager la durabilité des produits.
Enjeux environnementaux et sociaux
L’industrie textile est responsable de près de 10 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Elle consomme également d’importantes quantités d’eau et génère des déchets non recyclés. Sur le plan social, la fast fashion repose souvent sur des conditions de travail précaires, voire illégales, dans des pays à bas coûts. En France, ce modèle fragilise les acteurs locaux de l’habillement, avec 20 000 emplois menacés.
(source : vie-publique.fr)
Réactions et perspectives
La loi a été saluée par les ONG environnementales et les acteurs de la filière textile française. Elle pourrait servir de modèle à d’autres pays européens. Cependant, certains acteurs économiques redoutent une perte de compétitivité face aux géants asiatiques comme Shein ou Temu. Une commission mixte paritaire est prévue à l’automne 2025 pour finaliser le texte.
(source : info.gouv.fr)
La loi contre la fast fashion constitue une avancée majeure pour une mode plus durable. Elle responsabilise à la fois les producteurs et les consommateurs, tout en posant les bases d’un encadrement européen. Son efficacité dépendra de sa mise en œuvre concrète et de la coopération internationale.
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