Boues d’épuration : gaz de synthèse riche en biométhane

Dans Alternatives par le 3 avril 2021Commentaires fermés sur Boues d’épuration : gaz de synthèse riche en biométhane
gazeification hydrothermale
Quelles solutions innovantes pour transformer les boues d’épuration en gaz

Chaque année, en France, 19 millions de boues décantent des bassins de traitement des eaux usées et sont valorisées en épandage direct, en compostage, en méthanisation ou en incinération. Ces déchets organiques humides sont de bons candidats à la gazeification hydrothermale pour produire du méthane. Parce que la filière biogaz contribue pleinement aux objectifs de la transition énergétique pour la croissance verte, et notamment le développement des énergies renouvelables, qui émettent très peu de gaz à effet de serre, cette jeune filière a un avenir certain. Explications dans cet article…

La méthanisation, un processus naturel de dégradation biologique

La méthanisation est un processus naturel de dégradation biologique de la matière organique dans un milieu sans oxygène due à l’action de multiples micro-organismes (bactéries). Elle peut avoir lieu naturellement dans certains milieux tels que les marais ou peut être mise en œuvre volontairement dans des unités dédiées grâce à un équipement industrie appelé « méthaniseur ». Point important du processus : le mélange n’est pas brûlé mais oxydé, c’est-à-dire qu’il se dégrade simplement en présence d’oxygène. Cela permet ainsi d’éviter un dégagement de CO2 et garantit une expérience à faible impact environnemental.

La filière biogaz : chiffres clés et technologies

installations biogaz en France
Répartition des installations par type au 30 juin 2016

La filière biogaz peut être décomposée en trois sous-filières, segmentées selon l’origine et le traitement des déchets :

  1. la méthanisation de déchets non dangereux ou de matières végétales brutes : des déchets agricoles, de l’industrie, principalement agroalimentaire, et la partie biodégradable des déchets ménagers
  2. la méthanisation de boues de stations d’épuration des eaux usées (STEP) : ces boues et graisses issues de stations d’épurations ont un fort potentiel méthanogène et produisent permet un biogaz particulièrement riche en méthane.
  3. le biogaz des installations de stockage de déchets non dangereux (ISDND) : ce biogaz, communément appelé « gaz de décharge », est produit naturellement puis capté. Il peut ensuite être soit brûlé pour une utilisation sous forme de chaleur seule, d’électricité seule ou de cogénération (chaleur et électricité), soit épuré pour en extraite le méthane.

Fin juin 2016, 463 installations produisent de l’électricité à partir de biogaz, correspondant à une puissance installée de 379 MW.

Potentiel de la Gazéification Hydrothermale en France >>

Qu’est ce que gazéification hydrothermale ?

Processus de gazéification hydrothermale
Voici le processus de gazéification hydrothermale

La gazéification hydrothermale est une technologie de conversion de biomasses humides permettant le traitement de résidus et de déchets organiques. La gazeification hydrothermale utilise l’eau contenue dans la biomasse comme milieu réactionnel à haute pression et haute température (état supercritique) pour la production de gaz renouvelable riche en méthane. La thermochimique à haute pression (pression 250 à 300 bar) élimine les métaux lourds et les sels minéraux contenues de la matière sèche pour produire du méthane réutilisable.

Consultez gratuitement le hors-série d’Actu-Environnement consacré aux GAZ VERTS et revient sur le potentiel de développement pour les territoires, mais il fait également la part belle aux solutions, aux bonnes pratiques et aux opportunités qui laissent entrevoir un développement dynamique de la filière.

Télécharger (9,5 Mo – édité en Juillet 2020) >>

À Avignon, Veolia a expérimenté une nouvelle technologie de gazéification étagée pour transformer les boues d’épuration en gaz. Après trois ans de recherche, les résultats du projet « AdWastetoGas » sont prometteurs.

Potentiel du biogaz

Les gisements potentiels de substrats utilisables en méthanisation ont été estimés dans le cadre d’une étude réalisée par SOLAGRO et INDIGGO pour le compte de l’ADEME en 2013. Le gisement global mobilisable à 2030 pour la méthanisation a été évalué à 130 millions de tonnes de Matière Brute soit 56 GWh d’énergie primaire en production de biogaz. Il est composé à 90 % de matières agricoles.

En 2020, 91 nouveaux sites d’injection de biométhane dans le réseau gazier ont été mis en service en France, portant à 214 le nombre total de sites, pour une capacité d’injection annuelles de 3 917 gigawattheures (GWh). Par ailleurs, la quantité de gaz injectée a progressé de 79 % par rapport à 2019, pour atteindre 2 207 GWh. Cette production de biométhane a couvert 0,5 % de la consommation de gaz. La France compte aussi 861 sites de méthanisat.
Le tableau de bord SINOE permet de suivre le développement des installations de méthanisation sur l’ensemble du territoire national.

Voir le site dédié >>
Un appel à projets a été lancé par la ministre en 2014 en vue de développer 1 500 installations de méthanisation en 3 ans réparties dans les territoires ruraux. Le dispositif permet de mieux accompagner les porteurs de projets dans leurs démarches. Ainsi une usine de méthanisation a pu voir le jour au ZooParc de Beauval et d'autres projets fleurissent un peu partout en France. Les méthaniseurs de plus de 500 kW sont soutenus par appels d’offres tandis que les méthaniseurs de moins de 500 kW sont soutenus par un tarif d’achat de l’électricité garanti pendant 20 ans. La production de biogaz riche en méthane à partir de boues d’épuration est donc bien une filière d'avenir.
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