Stocamine : l’état renonce à extraire les déchets toxiques

Dans Environnement, L'eau, Pollution, Règlementation par le 24 janvier 2019Commentaires fermés sur Stocamine : l’état renonce à extraire les déchets toxiques
Stocamine devait contenir 320 000 tonnes de déchets industriels dangereux non radioactifs

Avec la fin de l’exploitation des mines de potasse en Alsace et la nécessité de gérer les déchets dangereux, en 1999, l’Etat français a ouvert Stocamine, un centre de stockage de déchets dangereux dans d’anciennes mines. Situé en dessous de l’une des plus grandes nappes phréatiques d’Europe et en dépit de toutes les oppositions locales, le gouvernement (pour des raisons économiques) a décidé d’enterrer purement et simplement les déchets (à défaut de savoir les gérer). Une décision lourde de conséquences qui inquiète de plus en plus depuis que l’Etat vient d’annoncer son refus d’ extraire les déchets dangereux enfouis sur le site de Stocamine

L’échec annoncé de Stocamine

A l’origine, Stocamine devait contenir des déchets industriels dangereux pendant 30 ans, avec pour maître mot « réversibilité ». Pour ce faire, l’Etat avait écarté d’un revers de main les craintes des associations locales (environnementales et de consommateurs) : ni incendie, ni affaissement ni inondation ne seraient possibles, le site serait sous contrôle, et sa réversibilité garantie. Or, en moins de cinq ans d’exploitation, un incendie s’est déclaré, des déchets non autorisés ont été stockés et les galeries s’affaissent lentement sur les déchets.

La décision de l’Etat en 2017 de prolonger l’autorisation de stockage pour une durée illimitée a attesté de la difficulté de l’Etat à cacher sa réelle intention : que ce site de stockage temporaire devienne définitif.
Les déchets industriels dangereux enterrés dans le centre de stockage de Stocamine à Wittelsheim (Haut-Rhin) resteront enfouis, selon un document du ministère de la transition écologique consulté par l’AFP lundi 21 janvier et qui prend le contrepied d’un rapport parlementaire publié en septembre 2018.

L’Etat doit sortir les déchets de Stocamine

Les différents acteurs concernés ont alerté dès l’origine sur les risques liés au stockage de 44 000 tonnes de déchets dangereux à 500 mètres sous terre : élus locaux, parlementaires, associations et citoyens se sont associés pour soulever les faiblesses de cette solution, mais leur avis n’a jamais été pris en compte. Pourtant, en dépit d’un rapport parlementaire critique publié en septembre 2018, le ministre vient de prendre une décision unilatérale de confinement.

Pour Daniel Reininger, président d’Alsace Nature : « La bipolarité de l’Etat atteint son paroxysme puisque d’une main il signe le Contrat de Solutions pour la nappe phréatique d’Alsace avec l’objectif ambitieux de distribuer de l’eau potable sans traitement de dépollution préalable, et de l’autre main, il enterre des déchets dangereux sous cette nappe ».

Cette décision est uniquement motivée par des raisons budgétaires en ignorant les risques avérés d’affaissement et de propagation des polluants dans les nappes phréatiques. Un joli cadeau de 44 000 tonnes de déchets pour les générations futures !

La tectonique des plaques aura raison de l’entêtement de l’Etat

travaux de consolidation dans la zone de stockage
Une décision prise sans aucune concertation, qui va à l’encontre de l’esprit du Grand Débat national

A terme, les mouvements de la terre vont inexorablement déformer les galeries et libérer mercure et consorts dans la nappe… et ce ne sont pas des bouchons dont l’étanchéité n’est pas garantissable qui suffiront à la préserver. Cette nappe est pourtant précieuse : c’est l’une des plus importantes d’Europe, alimentant en eau potable à la fois la France, l’Allemagne et la Suisse. Sa qualité est déjà largement altérée par les pollutions industrielles et agricoles, et si la France veut atteindre l’objectif de bon état de l’eau fixé dans la Directive Cadre Eau, il est impératif de sortir les déchets de Stocamine.

Pour Michel Dubromel, président de France Nature Environnement : « Stocamine en dit long sur l’incapacité de l’Etat de garantir la sécurité de stockage de déchets dangereux : si en moins de 10 ans, il n’arrive pas à garantir la sécurité de stockage de déchets dangereux, il n’est pas en mesure de garantir la sécurité du site d’enfouissement de déchets nucléaires à Bure où le stockage est prévu pour au moins 120 ans. C’est irresponsable, la protection de la santé des populations et de l’environnement doit primer sur une logique purement économique ».

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